L’abeille est un insecte social, elle vit en communauté et forme des colonies permanentes capables de passer les hivers et de vivre plusieurs années.
L’abeille prise individuellement est un insecte relativement banal, mais envisagée au sein de sa colonie, alors nous avons affaire à une sorte de super-organisme. Organisés autour d’une reine, les mâles et les femelles remplissent des fonctions interdépendantes dont l’objectif est la survie de ce super organisme, Celui-ci pourra vivre indéfiniment et voir se succéder des générations d’abeilles.
Prenez le temps de cliquer sur les liens de l’article pour en savoir plus.
1. Les différents individus
1.1 La reine
Au sein de la colonie, la reine est normalement la seule femelle fertile qui pond des œufs. Elle est donc la seule à pouvoir avoir une descendance. De plus, de par les phéromones qu’elle sécrète elle assure la cohésion de la colonie en inhibant la ponte possible d’ouvrières et en limitant les essaimages
1.2 Les ouvrières
Les ouvrières représentent près de 95 % des 40 à 60 000 individus de la population d’une colonie à la saison haute.
Bien qu’elles aient des ovaires les ouvrières ne pondent pas. Toutefois certaines pourront devenir des « ouvrières pondeuses » dans des cas très exceptionnels (on parle de colonies bourdonneuses).
Par ailleurs elles possèdent des organes très spécialisés leur permettant de s’adapter aux différentes missions qui leur seront attribuées tout au long de leur vie. Leur physionomie se modifiera selon la mission qui leur sera attribuée.
Selon la saison, la durée de vie d’une ouvrière varie entre quelques semaines à 8 mois environ.
1.3 Les mâles.
Les mâles sont beaucoup moins nombreux que les ouvrières ; de 100 à 1000 au maximum. Ils sont appelés les faux bourdons, du fait de leur ressemblance avec les bourdons et on les reconnaît facilement avec leur grande taille, leur pilosité abondante et leur gros yeux. Également appelés drones, ils sont essentiellement présents durant la haute saison, d’avril à juillet. Leur rôle étant essentiellement de se reproduire avec la reine (mais ils aident aussi à la régulation thermique de l’essaim dans une moindre mesure), ils perdent tout intérêt dès le mois d’août et sont le plus souvent éjectés de la colonie par les ouvrières.
1.4 Le nid
Les abeilles établissent naturellement leur nid au sein de cavités naturelles pouvant les protéger du vent et de l’humidité, on retrouve souvent les colonies dans de vieilles cheminées, derrière des volets ou dans des troncs d’arbres.
Les ouvertures du nid sont colmatés avec une résine végétale appelé « propolis ». La propolis désigne à la fois une matière résineuse produite par certains végétaux et un matériau complexe fabriqué par les abeilles à partir de cette résine végétale et de cire. Très rapidement l’homme a compris que le suivi de colonies d’abeilles pouvait lui permettre de récupérer la production stockée par les abeilles. Il leur a mis à disposition des endroits adaptés à leur épanouissement et à la récupération des produits de la ruche. Les premiers contenants utilisés étaient en terre cuite ou en bois, puis les ruches à cadres mobiles ont permis la récupération des produits de la ruche sans altérer le nid. A l’intérieur du nid les abeilles construisent une succession de rayons en parallèle composés de part et d’autre de cellules parfaitement hexagonales servant à stocker tout ce qui est produit ( miel, pollen, gelée royale, œufs larves et nymphes). Ces cellules sont construites par les bâtisseuses qui sont des ouvrières spécialisées. Elles sécrètent sur leur abdomen des plaques de cire qui leur permettent de réaliser la structure interne du nid.
1.4.1 Les cellules hexagonales : la structure du nid
Il existe deux types de cellules hexagonales plus communément appelées alvéoles.
Les plus petites sont les cellules destinées à recevoir un œuf fécondé et ainsi donner une abeille femelle, leur densité au centimètre carré est d’environ 800 cellules. Les plus grosses sont celles destinées à recevoir les œufs non fécondés de la reine qui donneront des mâles. Leur densité au centimètre carré est de 640 cellules environs. L’épaississement du bord des cellules permet une propagation plus efficace des vibrations qui jouent un rôle important dans les communications au sein de la colonie. Ces bourrelets renforcent la solidité des alvéoles et jouent un rôle important dans le renouvellement de la cire structurelle. Fraîchement construites ces alvéoles sont d’aspects blanchâtres, puis elles deviennent jaunes pour finir par être noir en bout de vie fonctionnelle.
Contrairement à ce que l’on pourrait voire à l’œil nues, ces alvéoles hexagonales ne sont pas parfaitement horizontales, elles sont inclinées de 13 ° vers le haut pour que le miel puisse y être stocké sans couler.
L’attribution de la fonction de chaque alvéole est déterminée en fonction de sa localisation dans le nid. En effet, les réserves en miel seront stockées dans les alvéoles aux extrémités de la colonie, cela permet une meilleure isolation de la colonie face aux intempéries. Le couvain (sorte de nurserie qui réunit l’ensemble des stades de développement des futures abeilles dans les alvéoles) et la nourriture y étant affectée (gelée royale et pollen) sont quant à eux au centre de la colonie pour y être mieux protégés. De manière plus générale la colonie a une structure de sphère avec au centre le couvain le plus jeune (dont les alvéoles ne sont pas encore operculées ; on parle de couvain ouvert) suivi du couvain plus vieux (operculé), puis du pollen et gelée royale et enfin du miel.
Cette structure concentrique superposée sur les différents rayons facilite la régulation thermique et la circulation de la nourriture au sein de la colonie. En effet le pollen présent en petite quantité est disposé près des larves qui en sont de grande consommatrices, tandis que le miel, qui sert de nourriture aux individus de la colonie, est un très bon isolant et enrobe le nid. Cette répartition qualitative varie tout au long de l’année en fonction des besoins et du développement de la colonie. L’apiculteur doit veiller à ne pas aller à l’encontre de cette organisation naturelle au risque de nuire à au développement de la colonie.
1.4.2 Les cellules rondes
Elles sont dites « cellules royales », car elles servent à élever les futures reines. Elles sont cylindriques et orientées vers le bas (contrairement aux hexagonales qui sont horizontales). Elles sont bien plus importantes en taille et ont à terme une forme très caractéristique qui rappelle celle d’une cacahuète dans sa coque. En revanche leur nombre est extrêmement limité.
L’apparition de ces cellules royales est synonyme de changements importants dans la colonie (orphelinage, essaimage) qui se produisent souvent au moment de l’expansion printanière de colonies.
2. Différents stades de développements selon les individus
L’abeille à miel dites “mellifère”, passe par 4 stades de développement différents, l’œuf ; la larve ; la nymphe et l’imago (l’abeille adulte), dont le temps de développement varie selon que l’on parle d’une ouvrière, d’un mâle ou d’une reine.
2.1 L’œuf
L’œuf de l’abeille ressemble à un petit grain de riz blanc lové dans le centre de l’alvéole (repérer les œufs peut être difficile à l’œil nu, certains apiculteurs utilisent des loupe en lunettes afin de pouvoir les repérer). Il mesure environ 1.5mm de long pour un diamètre de 0.3 mm L’incubation avant naissance de la larve dure 3 jours pendant lesquels la future abeille vit sur ses réserves. Durant cette période l’œuf occupera successivement une position perpendiculaire, oblique puis parallèle à l’axe de la verticale.
2.2 La larve
La larve ressemble à un asticot boudiné en demi-lune pourvu d’une tête à l’extrémité.
Après l’éclosion la croissance est exponentielle, la larve d’ouvrière multiplie son poids par 900 en cinq jours, celle de reine de 1700 en 5 jours. Les larves vont muer cinq fois, leur nurse refermeront l’alvéole à l’aide cire après la quatrième mue, on dit que la cellule est operculée. Cet opercule laisse passer l’air pour que larve continue de respirer. Celle-ci va alors se parer d’une chrysalide de soie et commencer à évacuer ses excréments, elle subit alors sa dernière mue et devient une nymphe.
La nymphe ressemble déjà beaucoup à l’abeille adulte, mais la pigmentation de sa peau et de ses yeux s’intensifie jusqu’à la naissance (la couleur des yeux permet de dater l’âge de celle-ci, ceux-ci passent du blanc au violet clair, au violet foncé puis au noir).
2.3 L’imago (l’abeille adulte)
Dans les jours qui succèdent la naissance les abeilles continuent de se développer en durcissant leurs téguments (tissu vivants qui recouvre le corps), les jeunes abeilles ne volent pas et ne piquent pas. Leur apparence est grisâtre et elles ont souvent une pilosité plus développée que les abeilles plus vieilles.
Les durées de développement de ces quatre stades varient selon les différentes castes.
2.4 Différence de durée de développement
Pour les reines : 3 jours d’œuf, 6 jours de stade larvaire et 7 jours de nymphe avant le stade adulte, soit environs 16 jours de développement avant la naissance.
Les larves de reines reçoivent de la gelée royale pure riche en lipide.
Pour les ouvrières : 3 jours au stade d’œufs, 6 jours au stade larvaire et 12 jours au stade de nymphe, soit environs 21 jours de développement avant la naissance.
Les larves d’ouvrières sont nourries avec une gelée royale différente de celle donnée aux futures reines, plus pauvre en lipide.
Pour les mâles : 3 jours au stade d’œufs, 7 jours au stade larvaire et 14 jours au stade de nymphe soit 24 jours de développement avant naissance.
Les mâles reçoivent une nourriture comparable à celle donnée aux ouvrières (un peu plus riche en protéine).
Notons que la différence entre un mâle et une femelle vient de la génétique (contrairement aux œufs « femelle » les œufs « mâle » ne sont pas fécondés), tandis que la différence entre une ouvrière et une reine ne dépend que de l’alimentions qui lui est fournie(les ouvrières nourriront les larves de cellules royales avant une gelée royale riche en lipide exclusivement).
3. la répartition des tâches au sein de la colonie
Le rôle de chaque individu de la colonie est déterminé selon sa caste et son stade de développement.
3.1 Un rôle simple et fixe pour les reines et les mâles.
Pour ce qui est des reines et des mâles leur rôle est assez simple, les reines pondent et essaiment (s’il le faut). Les mâles servent à féconder les reines vierges (et à ventiler la colonie de temps à autre).
3.2 Un rôle évolutif pour les ouvrières selon leur âge.
Le rôle de chaque ouvrière évolue dans le temps, son domaine d’action géographique et ses particularités physiologiques suivent cette évolution.
De 0 à 2 jours : la toute jeune abeille se consacre au nettoyage des cellules. Elle est nettoyeuse.
De 2 à 11 jours : la jeune abeille s’occupe de nourrir les larves et de construire les rayons, elle nourrit ainsi la reine et les abeilles présentes. Elle est nourrisseuse.
De 11 à 20 jours : en périphérie du nid à couvain, elle assure la construction des rayons, la réception du nectar, le stockage du pollen et l’évacuation des déchets. Elle est aussi gardienne et ventileuse.
Au-delà de 20 jours : Elle devient butineuse et va récolter tout ce dont la colonie aura besoin.
L’organisation du travail reste très souple au sein de la colonie. Les rôles attribués aux ouvrières changeront en fonction des besoins de la colonie. Les ouvrières bien que d’apparence similaires développeront de manière différente leurs glandes exocrines pour pouvoir répondre à leur missions :
Lorsqu’elle est nourrice l’ouvrière doit sécréter un enzyme qui transforme le nectar en miel, les glandes hyopharyngiennes marchent alors à plein régime.
Les glandes cirières sont très développées lorsqu’elle est bâtisseuse.
Et ainsi de suite…
Conclusion : la colonie un super organisme !
On se rend bien compte que sans la colonie, l’abeille seule ne pourrait pas survivre.
On constate aussi que la colonie réagit de manière globalisée comme un seul organisme lorsqu’elle est attaquée (transformation des butineuses en gardiennes lors d’une agression externe) ou lorsque la météo change (ventilation pendant les grosses chaleurs ou réchauffement lors des phases hivernales).
Ainsi chaque individu de la ruche est déterminé dans ses actions selon les informations hormonales sécrétées au sein de la ruche. L’individu s’efface complètement au bénéfice de la colonie qui survit aux générations successives d’abeilles. On peut donc parler de super organisme, son mode de reproduction serait alors la division par essaimage avec intervention de mâles extérieurs à la colonie.